Il ne se sent pas heureux et souffre de ne pas rendre les gens heureux autour de lui

 

 

 

 

 

 

 

 

Les premières figures de prête que j’ai connue, sont majoritairement des prêtres ouvriers

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Christ c’est -dit-il- c'est mon meilleur ami, c’est mon amoureux !

 

 

 

 

 

 

 

 

« On est dans un une période où beaucoup de choses s’effondrent ou s’effritent, des choses ont fait leur temps, j’imagine bien que dans les 10 prochaines années les jeunes religieux avec tous ceux de bonne volonté, devront repenser les différents modèles...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Edito n°- 38
10 septembre 2019

Thierry Mollard osfs

Le Christ mon amoureux !

En prenant la voiture, ce dimanche la radio RCF-74 porte à mes oreilles une Interview de Cyprien. En formation chez les Oblats de S François de Sales, Cyprien M. vit à Vienne, en Autriche. Nous avons partagé quelques heures cet été à l’Ermitage Saint Germain où pour plus d’un, il n’est pas passé inaperçu !

Le morceau de route, radio ouverte, fut de trop courte durée pour tout entendre mais suffisamment long pour me donner le goût d’entendre la totalité de l’interview. Alors au moment favorable je saute sur le clavier et je sors le postcast... J’écoute. Tout. Je réécoute, prends des notes. C’est un moment dense et riche qui résonne en moi : avec les frères il y a parfois des moments intenses ; Celui-là en a été un ! Alors cette joie vaut bien cet éditorial. Si vous préférez à l’édito, le direct... c’est ici !

 "Je me prends souvent la tête avec le Christ !"

 

Cyprien a grandi dans une famille chrétienne pas forcément pratiquante. C’est surtout son papa qui lui fait découvrir régulièrement la messe : c’est comme ça que j’ai entendu parler de Dieu !
Cyprien a vécu à Paris il n’avait jamais entendu parler des Oblats de St F de Sales. Son parcours d’adolescent est perturbé, il n’a rien de scolaire, il ne se sent pas dans le moule et accumule des bêtises qu'aujourd’hui il ne conseille à personne. Il se rend compte du malaise qu’il traverse, il ne se sent pas heureux et souffre de ne pas rendre les gens heureux autour de lui !
C’est une vraie rencontre avec le Seigneur au cours de l’adolescence qui va marquer une conversion enracinée sur cette vie tumultueuse ! Depuis tout petit, il était sensible à la figure du prêtre, de l’homme de Dieu qui l’a toujours attiré mais dit-il, « Je ne l’ai jamais vraiment assumé ! » Plus tard effectivement au moment de la majorité, des études, à 18 19 ans il commence à penser plus clairement à une vie religieuse.
« Les premières figures de prête que j’ai connue, sont majoritairement des prêtres ouvriers, de la région parisienne. Les voir dans la semaine travailler, être actifs, et le dimanche prêcher, c’est quelque chose qui l’a beaucoup marqué : « la prédication et pour ma famille et pour moi quelque chose d’important. »
Et puis il rencontre sur son chemin des gens qui étaient à l’écoute.
Après la conversion vient le discernement ! Une envie pressante de voir au quotidien de plus près ce qu’est la vie religieuse. Quelques heures éparses, proche d’une communauté, ce qui lui est proposé ne lui convient pas du tout ! En fait il veut participer pleinement ! Alors il installe ses valises dans une communauté qui le reçoit ! Il trouve ici un lieu où il se sent bien, un lieu où il se sent libre, libre de donner, libre dans la fidélité à soi-même ! L’enthousiasme de départ, la fulgurance des commencements, connaît un frein qui lui fait penser en fait, que la vie religieuse c’est fou, ce sont tous des fous ! Avec la même rage avec laquelle il est rentré, il sort ! Il claque la porte. Mais presque tout aussitôt les regrets arrivent, d’avoir perdu ce que l’on croyait avoir trouvé ! Alors c’est le retour !
« Les premiers pas dans une communauté c’est un engagement, au début on est tout fou, on a le désir de vivre la vie religieuse d’une manière parfaite dès le début ! Donc on s’y astreint soi-même, il n’y a pas de contraintes, c’est un choix, une envie, un désir ! Cependant on ne se rend pas forcément compte de ce à quoi on ne s’engage ni de tout ce qu’exige la vie religieuse ! »
Son espace privilégié est duel : la prière et le rugby !
Il découvre la prière comme espace qui unifie la vie. Le Christ c’est, dit-il « mon meilleur ami, c’est mon amoureux ! C’est la personne avec qui je passe mon quotidien, mon modèle celui à qui j’aimerais ressembler. C’est la quête de toute une vie ! C’est la personne avec j’aime passer le plus de temps ! »
Il n’a pas envie pour autant de s’endormir dans un cocon Christique ou dans un long fleuve tranquille ! Comme dans nombre de relations, émerge des combats ! Il dit qu’il se bat avec le Christ avec ardeur ils m’ a fait passer des mauvais moments, et moi aussi... « Ce n’est pas si simple c’est une relation avec une personne qui est réelle rencontre souvent et que le Christ est partout ; je ne peux pas me passer de lui-même et si je voulais l’ignorer, il se rappellera à moi ! »
Cyprien en fin compte remplacerait la Croix qu’il porte autour du cou par un ballon de rugby parce que le rugby c’est quand même quelque chose ! Un sport où il y a besoin de tout le monde, petit et grands, costauds ou fluet qui se faufile partout ! il y a de la place pour tout le monde ! chacun est invité au combat !
« Oui mon premier entraîneur dit que le rugby n’est pas un sport collectif, mais un sport de combat ! Combat en équipe, en solidarité maîtres mots !
Et puis enfin nous sentons combien François de Sales a pris place en lui ! Il trouve un modèle en sa personne. « Je me retrouve en lui en son caractère et en son cheminement. Je crois qu’il témoigne d’une extraordinaire actualité par son message qu’il apprenait par ce qu’il a vécu. Il a écrit de très beaux ouvrages mais ce qui est encore plus beau c’est les relations qu’il a eu avec les personnes qu’il a rencontrées, croisées ; Voilà quelqu’un qui prenait le temps, il connaissait le cœur de l’homme, c’est un fin psychologue qui a bien compris comment marchait l’être humain !
La vie consacrée aujourd’hui pour un jeune de 27 ans, certains peuvent n’y voir aucun sens !
Mais pour moi, je me dis qu’il n’y a pas que le profit dans la vie, le monde a besoin de témoins contre le profit, contre l’entre soi, bien au-delà de nos plaisirs premiers
Demandez-lui comment il voit l’avenir !
Je vis à Vienne en Autriche, nous sommes 10 en communauté de quatre nationalités différentes ? Chacun avec des missions. Pour ma part je suis engagé dans une association qui accueille des migrants sur la ville de Vienne car je crois qu’on a tous une mission aujourd’hui qui n’est pas négociable ; tout chrétien et tout européen et tout religieux se doit de témoigner de cette mission.
« Je n’imagine pas trop l’avenir, je suis très heureux dans la vie que je vis aujourd’hui et je ne me projette pas trop ! » Mais ajoute-t-il avec détermination : « On est dans un une période où beaucoup de choses s’effondrent ou s’effritent, des choses ont fait leur temps, j’imagine bien que dans les 10 prochaines années les jeunes religieux avec tous ceux de bonne volonté, devront repenser les différents modèles à tous les niveaux. Les prochaines années pour les jeunes religieux en Europe en générale vont être un grand moment où on va se reposer de grandes questions.

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