en
l’église Notre Dame d’Annecy, le 14 juin 2013
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Homélie
Père Alexis BULLIARD
Un frère, un beau-frère, un oncle, un ami, un
confrère nous quitte : c’est toujours une déchirure.
Un ami, oui : Pour moi, le Père Alexis BULLIARD
fait partie de ces personnes que j’ai le plus appréciées, lorsque, jeune
religieux, en 1961, l’obéissance m’envoie, sans consultation préalable !
, à ANNECY, au Collège St Michel, terre totalement inconnue !
L’acclimatation n’est pas facile : heureusement Alexis, avec quelques
autres, par sa simplicité, sa générosité, sa jovialité, sa patience
aussi, en toute fraternité, m’aida de ses conseils judicieux et
pragmatiques, à me faire à ma nouvelle vie. Il est vrai que son origine
rurale et modeste comme la mienne, d’emblée, nous rapprocha :
Alexis est né à QUINTAL, le 23 mars 1926, de
parents suisses venus exploiter une propriété agricole qu’ils avaient
prise en location, dans ce village. Il est le dernier d’une fratrie de
12 enfants. Scolarisé d’abord à l’école communale de Quintal, puis comme
pensionnaire au collège St Michel où il fait la connaissance des OSFS ;
il terminera ses études secondaires au lycée du Collège St Michel de
FRIBOURG en Suisse. Durant ces années de lycée, il est pensionnaire chez
les OSFS, à la maison qui accueillait alors les étudiants en Théologie
de la province française des Oblats. Au contact de ces étudiants et de
leur vie communautaire, il s’imprègne déjà de la spiritualité salésienne
qu’il apprécie, si bien qu’à la fin de ses études secondaires, il
postule l’entrée au noviciat de cette Congrégation, ce qu’il fait en
1946(le 16/12), à Publier, près de Thonon. A la fin du noviciat, il
prononce ses 1ers vœux temporaires et retourne à Fribourg pour faire ses
études de philosophie et de théologie à l’Université Catholique de cette
ville. Et c’est à Fribourg, qu’après son engagement définitif chez les
OBLATS, le 17/12/50, il est ordonné Diacre, puis Prêtre en mars 1951.
La même année, il est nommé à la communauté des
Pères du Collège St Michel d’Annecy, où comme tous les religieux de
l’époque, il assumera avec beaucoup de disponibilité, les tâches
d’enseignant(surtout en math), de surveillant(salles d’étude, récrés,
réfectoire, dortoir…), il sera durant plusieurs années responsable de la
catéchèse et préparation à la profession de foi au niveau des 6es /5es,
dont il est aussi préfet, comme on appelait à l’époque le responsable de
la vie scolaire de ce niveau. Il restera à St Michel environ 26 ans. Ce
long séjour à St Michel, où l’ambiance était chaleureuse, familiale, lui
permit de se faire apprécier, par sa compétence, sa simplicité, et sa
grande générosité, aussi bien de ses confrères et collègues laïcs, que
de ses élèves dont certains sont devenus pour lui de très bons amis. La
fin de ce séjour à Annecy est un peu perturbée par des problèmes de
santé qui le démobilisent assez considérablement.
Et c’est en septembre 1977, qu’il change de
communauté, envoyé par le supérieur provincial à la maison de formation
de la Province française, à Craponne près de Lyon. Il y restera 2 ans,
comme responsable, mais la tâche est trop lourde pour lui et sa santé
continuera à se dégrader.
En septembre 1979, il est envoyé, pour 6 ans,
exercer son ministère pastoral avec le Père Montessuit à Vongy près de
Thonon, comme curé de la paroisse ND du Léman, confiée alors aux OSFS.
Au bout de ces 6 ans, il quitte à contre-cœur
Vongy pour se rendre à Marseille, envoyé comme vicaire, à la Paroisse
des Chartreux tenue par les Oblats.
2 ans après, sa santé se détériorant encore, il revient en Hte Savoie.
Après quelques séjours en milieu hospitalier, en 1989, il est nommé par
l’Evêque d’Annecy dans le secteur paroissial de l’Albanais, en résidence
au presbytère de Rumilly. Durant une dizaine d’années, il exercera, avec
beaucoup d’enthousiasme, son ministère sacerdotal à Rumilly même, ou
dans les paroisses environnantes. Au terme de ces 10 années, son état de
santé l’oblige, hélas ! , à envisager son départ à la retraite. A
l’approche de son départ, une réception officielle est organisée, pour
lui, à la mairie de Rumilly. « Dans quelques jours, vous allez quitter
cette ville et cette région de Rumilly, lui dit M. le Maire André Feppon,
région où vous avez consacré les 10 dernières années de votre « quasi »
demi-siècle de vie sacerdotale. Il est vrai que pendant ces dix années,
vous avez été perçu non seulement comme un témoin, mais comme un
véritable acteur très attentif à la vie de ses semblables. » Un article
du Dauphiné Libéré poursuit dans le même sens : « Malgré
une santé délicate, dès son arrivée à Rumilly, le père Alexis a su
rapidement acquérir la confiance des citoyens, comme porteur de Bonne
Nouvelle. Homme de dialogue et de convictions, d'une grande sensibilité,
très attaché au milieu rural et aux préoccupations du monde ouvrier, il
a su convaincre et éclairer, dans une époque où l'on s'interroge sur la
notion d'identité, dans une société où l'on discute sur l'intégration ou
l'exclusion, dans un monde où les thèses les plus douteuses cherchent à
s'imposer par tous les moyens ».(fin de citation)
En 1999, après un bref séjour à la maison de
Craponne, il est admis définitivement à la Résidence St François
d’Annecy où il termine son parcours terrestre,( le 10 juin 2013) après
avoir bénéficié du confort remarquable de cette maison et des soins
attentifs d’un personnel dévoué et délicat à son égard(ce sont ses
propres termes quelques jours avant son départ).
Il a eu aussi l’énorme satisfaction de revoir
dernièrement certains de ses neveux et nièces venus lui apporter un peu
de réconfort, de chaleur humaine, en évoquant avec lui quelques
souvenirs de la vie de famille qu’il a toujours tant appréciée…
Nous prions aujourd’hui pour qu’il trouve
auprès de notre Père du ciel, et en compagnie de tous ceux qui l’ont
précédé, ses parents, 8 de ses frères ou sœurs, de nombreux amis, le
bonheur et la joie que son tempérament anxieux, complexé, tourmenté, ne
lui a pas toujours permis de rencontrer sur cette terre, où la vie lui a
souvent réservé, il faut le reconnaître, beaucoup d’incompréhension, de
contrariétés et de problèmes de santé auxquels il n’a pas toujours pu,
ou n’a pas su, faire face d’une manière adéquate…
Pleins d’espérance, nous prions pour lui et
avec lui ! sa tâche, maintenant est de veiller sur nous !
Merci, Alexis, pour tout ce que tu as accompli
au service de l’évangile et de ceux et celles qui t’étaient confiés,
Merci pour tout ce que tu nous as apporté de
joie, de bonheur, durant ta présence parmi nous, merci des bons moments
passés ensemble !
Roger SEGUIN