BENIN

 

 

Visite du  Conseil Provincial à Parakou du 6 au 13 Mars 2011...

 

Rencontre avec les Regardants !

Thierry M osfs

Chacun a pris le temps de dévoiler quelques repères de ce chemin qui l’a conduit à ce jour, à  envisager à rentrer dans une nouvelle  famille salésienne des Oblats.
François de Sales est manifestement loin d’être un inconnu ; en quelques minutes, le portrait précis, les repères de sa vie sont  déclinés sans hésitation !
Mais que représente au juste, pour eux, sur la terre d’Afrique ce personnage qui a tutoyé le Mont-Blanc ? Comment a-t-il pu un jour rentrer dans leur vie !   

-       « Il est pour moi source d’apaisement, devant les peurs, source de paix pour moi-même et ma famille qui est toute entièrement tournée vers les dieux du vaudou. »
-       « François d e sales apparaît comme un homme de relation à la Vie, aux autres, au monde. »
-       « Ce qui domine, s’est le Docteur de l’Amour ; ce n’est pas que l’Amour soit malade... et qu’il ait besoin d’un docteur, non, c’est nous qui avons besoin d’un docteur, qui prescrive, à doses  homéopathiques de l’Amour, jour après jour,  à tous les moments de la vie et  à chacun selon la capacité qu’il peut en prendre !   
-       François de Sales est invitation à l’écoute de son cœur, à la découverte de la parole de l’autre comme vérité. Invitation aussi à inventer  et à transformer le monde !
 
François de sales a de beaux jours encore au Bénin !

 
2 Parmi les questions entendues  ce jour, d’abord celle ci ...
« Comment faire silence ? »
Voilà une question redoutable et centrale de la vie régleuse. Certes il s’agit du  silence de la vie quotidienne : ne pas se laisser happer par le flot des mots, il y en a tant d’inutiles ou de futiles ! ni  par  les vagues ou  déferlantes de musiques... il  s’agit surtout de se retrouver soi  même, parfois  face à soi même et dépasser la peur ou le vertige du silence, signe de « rien » de « néant » d’ « absence. » Comment apprécier une paix, entendre battre les cœurs qui aiment, à commencer sa son propre cœur que l’on croit si souvent avoir du mal à aimer !           
Alors au bout du chemin, après avoir gravi la grande colline en suant sang et eau,  comment s’apaiser au point de devenir disponible,  offert, donné  « Oblat » ?
Faites donc simplement retraite dans le fil de  votre vie. Opérer ce  léger retrait, invite  F de Sales...
 
Point besoin pour cela de monastères ni de cloches qui isole et protègent mais seulement de se retirer un peu à l’écart,  à peine, pour  un re-trait de notre vie pour laisser Dieu habiter la vie.
Le religieux  sera aussi confronté au silence des sens... qui  exige d’abord leur perfection,  devenir capables d’affiner la perception, le goût, l’odeur... capables de d’envisager des renoncements immédiats pour aller et communier au cœur de l‘humain et du divin.
    

3 Il y a une question, qui ne surprend pas le voyageur du Nord accoutumé à la rencontre au Sud ! Là question de Dieu !
«Et chez vous, Dieu, vous en avez fait quoi, vous, qui l’avez emmené jusqu’ici ? »
C’est vrai cela, pourquoi en France on ne croit pas, plus, en Dieu ? Réalité ou fiction, en tout cas ce questionnement et étonnement n’est jamais loin dans le dialogue euro-Africain !
En tout cas, marcher sur la terre d’Afrique s’est être rattrapé par la question de Dieu. Une religiosité à fleur de peau ! Le nom de Dieu n’est-il pas partout inscrit et mêlé à l’activité humaine et aux sentiments... Oui ici, contrairement à notre paysle nom de Dieu et ses déclinaisons couvrent l’espace public. Il n’y a pas ici d’espace séparé entre le sacré et le profane, entre le privé et le collectif. Ce n’est pas pour autant que tout est public, ce n’est pas pour autant que l’hospitalité reconnue ne recèle pas un arrière pays de secrets, de tabous, de silences et de retraits profonds qui font dire qu’il est bien impossible de connaître un africain !
Oui, ici le signe religieux envahit la vie: appel incessants des mosquées, manifestations religieuses, chants rythmés des églises de plein vent, qui rassemblent des foules... Des foules, dans une profusion et confusion d’églises, de religions traditionnelles et de sectes. En marchant en Afrique subsaharienne la valeur profonde et le sérieux de sa religion traditionnelle ne peut pas échapper !
Alors que chez nous on cloisonne, on sépare, ici on mêle, et mélange la divinité à la nature, à l’humain, au cœur de son action et de ses préoccupations !
Chez nous, si les philosophies du soupçon semblent toucher et ébranler instituions traditionnelles, politiques, syndicales, religieuses… lentement, à peine encore, nos certitudes et nos « croyances » et dévotions, consumérisme, matérialismes, scientisme résistent.
Ici, ce n’est pas qu’il n’y ait pas de tentation, avec ses dérives, notamment de corruption, mais l’homme, parce qu’il est homme, ressent ce besoin de dépasser l’horizon du quotidien parfois glaiseux car terrestre pour s’élever à une réalité transcendante. L’homme est en même temps, objet et sujet, tourné vers la science et la conscience.
Ici, en « visite du chantier » : la paroisse universitaire, aura bientôt sa chapelle, que dis-je sa cathédrale. Le chemin de croix des Vendredis de carême, rassemble en plein midi, à 35°C, des marcheurs entre les cours, sur le campus universitaire, même. J’ai célébré cet été à l’amphi 2 plein à craquer ! La célébration de mardi gras durant deux heures et demie était élan de piété et de prière avec des rites plus traditionnels qu’acculturés ! Le mercredi des cendres, la foule est encore plus importante, comme il y a plus de monde chez nous à Rameaux chacun venant chercher son buis ou son rameau béni ici chacun veut la cendre pour lui ou pour emmener à la maison, au vieux, qui n’a pu se déplacer ! Jeudi, lendemain de cendres. En visite sur un autre chantier de construction rural, avec Bernard de Clairvaux. Avant de remonter dans le 4*4 immatriculé ONG, pour partir, plusieurs travailleurs viennent demander à recevoir les cendres. Bernard a pensé à tout, il sort la petite boite de cendres bénies la veille ! Un petit groupe se retrouve au bord du chantier sous le regard de tous les autres, une catéchèse, une prière, un rite se déroulent avec une extrême simplicité et beaucoup de ferveur !
Oui, les églises se construisent et de remplissent pendant que chez nous elles se vident et de se ferment !

Ce sera l'occasion de plusieurs articles à venir...
Voici le premier